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Article CA

Fermer des usines et ouvrir des prisons

Le télescopage des deux évènements, à quelques jours d’intervalle, caractérise l’état du pays et renvoie une image déplorable.

Dans le même temps, on mobilise beaucoup d’argent non seulement pour faire revenir les jeunes au pays mais surtout pour rendre la Calédonie “attractive” pour les investisseurs et les touristes ; l’effort semble vain dans ce contexte.

Le déplacement des ministres et en particulier celui de la justice pour inaugurer la prison du Nord et lancer une nouvelle prison dans le Sud, à quelques jours de la mise en sommeil de KNS par Glencore, en dit long sur l’avenir du pays et la capacité à faire rêver sa jeunesse.

Certes le rééquilibrage consistait à créer, dans le Nord comme dans le Sud, des emplois et de la richesse avec de la diversification mais pas des emplois de gardiens de prison (et des prisonniers).

Dans une économie en transition démographique et en récession, se priver de forces vives, c’est se condamner à rater toute relance économique.

Car la prison, dont la plupart des futurs occupants sont de jeunes kanak, n’est que le fruit de l’échec de la politique éducative, calquée sur l’Education Nationale métropolitaine, alors  que les derniers résultats en font une  mauvaise élève dans l’OCDE (classement Pisa : 23ème sur 36 en 2023). Les taux anormalement élevés d’illettrisme (18%) et d’échec scolaire marquent les failles des apprentissages élémentaires et l’inadaptation du système d’éducation, qui débouche inévitablement à forger des citoyens de seconde zone, des laissés pour compte et pour certains de futurs délinquants.

Quel avenir pouvons-nous proposer aux jeunes? …l’exode ?

C’est ce que font pour l’instant de nombreux jeunes calédoniens qui ne s’imaginent pas dans un futur, capté par des “vieux“ politiques d’un autre siècle, plus enclins à se plaindre qu’à agir, plus enjoués à désigner des coupables qu’à proposer des solutions ; incapables lorsque l’argent coulait à flot d’avoir pu réussir la transition éducative.

L’abondance issue des Accords de Nouméa a corrompu les idéologues, conforté les opportunistes et hypothéqué l’avenir du pays, qui ressemble, pour l’instant, à celui de Nauru.

La menace est réelle.

…Lors des prochaines élections provinciales, les calédoniens auront le choix de poursuivre sur le chemin du passé ou de tenter une autre voie certes plus difficile mais porteuse d’espoir.